Voyage plutôt auprès.
Éprouve la longue chaîne qui tient
L’encre de ton ombre.
Ses maillons sont concentriques
Et à son extrémité navigue un navire
Par répercussions.
Il y a toute une mer
Dans le tremblement du vague.
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Les miracles sont faciles.
Ils ne sont même rien d’autre
Que le facile.
Chaque fois que quelque chose t’est facile,
Tu dois y reconnaître un miracle.
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Il peut pleuvoir des cordes,
L’océan n’en deviendra pas montagne
Et tu ne grimperas pas non plus dans les nues.
Laurent Albarracin
Manuel de réisophie pratique, Arfuyen, 252 p., 18 €
Écoutez ce poème (lecture Stéphane Bataillon) :
C’est comme un jeu de piste. L’un de ces anciens grimoires découvert par hasard. Laurent Albarracin nous prévient, dès le seuil du livre : « Nous avons reçu par la poste, sans mention d’expéditeur, une liasse de papier qu’il nous paraît utile de livrer à la connaissance du public (…). Nous n’en savons pas davantage. » Soit le manuel d’un mystérieux « Collège de réisophie », qui se rattache bien plus à celui dédié à la pataphysique qu’à une obscure et terrifiante secte.
Enseignant, critique, coanimateur de la revue Catastrophes et éditeur, Laurent Albarracin, né en 1970, est l’auteur d’une œuvre poétique déjà importante, dont Le Secret secret, prix Georges-Perros, publié chez Flammarion en 2012. Derrière le dispositif ludique, ces 224 poèmes aux images maîtrisées, jouant de la logique et souvent brefs, sont autant de facettes d’une poésie qui prend l’humour au sérieux pour tenter de percer le mystère des choses. « Avec une mouche dans du vinaigre / On attrape n’importe quoi. »
Stéphane Bataillon
(@sbataillon)
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