On a appris par cœur l’adresse
de nos bureaux de poste
gage de confiance
probatoire
parce qu’il ne faudrait pas
desserrer
tous les rubans à la fois
si par inadvertance
les mots de passe
devenaient instinctifs
si on devait se connaître
un peu plus
un peu moins
si on avait cru
comme deux enfants coupables
avoir pris du plaisir à crédit
il serait toujours temps
avec les algues maigres
de s’éloigner des vagues
et de rendre les clefs.
Orianne Papin
Poste restante, Décharge/Gros Textes, 52 p., 6 €.
Écoutez ce poème (lecture Stéphane Bataillon) :
C’est l’histoire d’un premier amour. Un couple en devenir, séparé par l’été. Alors, en bord de mer, une boîte aux lettres devient, comme hier, symbole de l’attente, du désir, d’un échange sublimé dans l’encre des mots de l’autre. Avec ce premier recueil, Orianne Papin invente une langue qui renouvelle la poésie amoureuse. « Les gens/Qui pleurent souvent/Ont les cheveux/Qui sentent la mer », inscrit-elle. Loin des thèmes à la mode, elle dit magnifiquement ce commun toujours extraordinaire de l’éveil des sentiments, alternance d’euphorie et de tragique.
Stéphane Bataillon (@sbataillon)
Retrouvez ce poème dans La Croix L’Hebdo du Vendredi 5 juin 2020, disponible en kiosques, par abonnement et en version numérique.