Il faudrait
comme on monte vers le Mont
par l’effort de l’âme et du corps
ensemble
descendre
à l’intérieur de soi
par l’alphabet des joies et des chagrins
ensemble
il faudrait
comme on monte vers le Mont
regarder le ciel quand on marche sur la terre
la tête à l’envers mais à l’endroit de nos pas
en passant par tout ce qui monte
les fleurs
les arbres
les montagnes
les vagues
les enfants
et leurs prières
il faudrait
que tout monte en nous
quand on monte vers le Mont
Yvon Le Men
À perte de ciel, Bayard, 196 p., 19,90 €
Écoutez ce poème (lecture Stéphane Bataillon) :
Revenir au Mont-Saint-Michel. Se retrouver, dans ce lieu magique entre ciel et mer, avec le souvenir d’une foi du charbonnier portée par ses ancêtres, teintée de merveilleux. Un pèlerinage de mots, écrit lorsqu’il n’était pas possible, pour cause de pandémie, de s’assurer des pierres. C’est ce que nous propose Yvon Le Men, Prix Goncourt 2019 de la poésie, dans ce nouveau recueil où ses vers, toujours sensibles et fraternels, se mêlent aux citations, aux textes et aux poèmes d’autres, de Jean de la Croix au pape François en passant par Blaise Cendrars et Pablo Neruda. Un chant choral pour célébrer cet espace chargé de tant d’énergies. Celle du minéral, celle des lumières qui se réverbèrent, celles des amis poètes et écrivains disparus, comme Xavier Grall, Claude Vigée ou Michel Le Bris, compagnons d’une remontée en soi. Un espace-temps idéal, livré ici sous le regard des anges et des démons qui se suspendent à tous les « peut-être » de nos vies.
Stéphane Bataillon
Retrouvez ce poème dans La Croix l’Hebdo du 4 septembre 2021