On sort dans le jardin goûter l’air mouillé du soir.
On appelle le chat pour qu’un écho de voix enjambe les murs, d’autres jardins,
d’autres veilles.
On se dit que si la pluie nous rince, elle parle à chaque instant de nos hantises,
de nos tuméfactions,
et de tout ce qui déraille au bout de nos doigts.
Comment dire la peur ? Le désir ? La beauté ?
Les histoires sont peut-être mal racontées, exprès pour qu’on les comprenne.
Et on reste sur un seuil, avec juste une alerte de la détresse et de l’infinie
jouissance.
Toujours désemparés.
On relève le col de la chemise, on serre plus près le gilet.
Avec l’aube au loin. Bientôt.
Une lumière qui viendra.
Brigitte Giraud
Écoutez ce poème (lecture Stéphane Bataillon) :
Brigitte Giraud habite et écrit à Bordeaux. Elle s’intéresse à la relation texte/image, à la vidéo, aux textes dits, aux lectures théâtralisées. Elle a d’abord publié un roman L’éternité, bien sûr (L’Harmattan, 1999), un essai, Le désespoir amoureux de la vie (Le bord de l’eau, 2009), et participé à plusieurs ouvrages collectifs. En 2010, elle crée la dramaturgie d’un spectacle théâtral L’avenir dure longtemps avec le metteur en scène François Mauget et le théâtre des Tafurs. Son écriture est résolument tournée vers la poésie. Son dernier recueil, Aime-moi, aux éditions Al Manar (2019) a reçu le prix Vénus Khoury-Ghata.
Tout l’été, découvrez les poèmes des invités du festival Voix vives de Méditerranée en Méditerranée, à Sète, à retrouver également dans l’anthologie Voix Vives 2021, Éd. Bruno Doucey, 192 p., 18 €
Retrouvez ce poème dans La Croix l’Hebdo du 20 août 2021