Devant une vitrine où l’on a vu nos deux reflets
Tu as dit : Nous sommes la même personne.
Avant de rectifier : La même personne en deux temps différents.
Après un léger tressaillement,
Tu as retrouvé ta langue perdue :
Tu es mon autre personne
La seconde
Mon double.
Tu m’as regardé avec amour et dit :
Sais-tu le sens de l’apparition du double ?
Non,
Ai-je répondu.
Revenons au Khan (1),
As-tu proposé, appelant inconsciemment l’hôtel
Par son ancien nom
Puis tu as fait demi-tour.
Je t’ai vu marcher pieds nus
Dans le soleil
Sur tes épaules un manteau brodé
Et à l’horizon devenir chameau.
Raed Wahesh
Traduit de l’arabe (Palestine) par Antoine Jockey
(1) Caravansérail
Écoutez ce poème (lecture Stéphane Bataillon) :
Raed Wahesh est né en 1981 à Damas, en Syrie, dans une famille palestinienne, et a grandi dans un camp de réfugiés. Écrivain, essayiste et journaliste, il a travaillé dans de nombreux journaux et magazines en ligne en langue arabe et travaille actuellement comme rédacteur en chef de la rubrique culture d’Ultrasawt, un journal en ligne. Il a publié plusieurs ouvrages en langue arabe. En 2013, il quitte la Syrie pour s’installer en Allemagne, où il réside depuis.
Tout l’été, découvrez les poèmes des invités du festival Voix vives de Méditerranée en Méditerranée, à Sète du 23 au 31 juillet, à retrouver également dans l’anthologie Voix Vives 2021, Éd. Bruno Doucey, 192 p., 18 €
Retrouvez ce poème dans La Croix l’Hebdo du 23 juillet 2021