Faire une part du chemin. La nuit. En recevoir la confidence.
Le jour en révèle le secret ou ses lueurs ou le murmure.
Aller au long des chaumes des champs odorants après la moisson de juillet. Chercher à voir, toucher subrepticement l’ineffable de l’aube.
Connaître ces longues heures qui ne mènent à rien. La vérité se creuse
en petite humilité. Vivre. Seulement aller l’instant de ce dénuement
un chemin où s’élèvent des étincelles de poussière.
Jean-Pierre Boulic
L’Offrande des lieux, La part commune, 96 p., 13 €
Écoutez ce poème (lecture Stéphane Bataillon) :
Dans ce nouveau recueil, le poète Jean-Pierre Boulic reprend les thèmes qui lui sont chers, et qui lui sont inspirés par son ancrage en terres bretonnes. Nous emmenant sur les plages nues ou « dans la brume d’une saison humide », il exprime ici, avec souffle, une poésie souvent contemplative des éléments qui l’entourent. Ses mots portent aussi un peu de nostalgie, écrite là en une « poésie (qui) pleure en son langage d’amour » dans ce « monde au cœur endurci d’ennui ». Dans L’Offrande des lieux, on croise aussi des figures émouvantes, comme cette femme qui a passé sa vie à s’émerveiller « des gens et des nuits » dans sa maison blanche de cette petite ville côtière.
Loup Besmond de Senneville
(Article initialement paru dans La Croix L’Hebdo du 1er mai 2021