Rires et pleurs dans la maison
Cris de triomphe ou de détresse
Selon l’humeur au gré des âges
L’ado nonchalant les biberonneurs
Les liseurs de BD les rêveurs nez à la croisée
Parce qu’il a neigé
Des jouets jonchent le parquet
Des habits qu’il faut enjamber
Pour traverser la salle à manger
Enfants de mes enfants aux semelles de boue
L’un rampe sous la table
L’autre picore dans le frigo
Une moufle un caleçon sur le fauteuil usé
Où tel ancêtre écoutait le temps grésiller.
Denis Tillinac
Sur le pont des regrets,
Le Dilettante, 96 p., 12 €.
Écoutez le poème (lecture Stéphane Bataillon) :
Denis Tillinac regarde le temps qui passe. Regarde filer ses rêves, s’épuiser les désirs. Mais les souvenirs persistent. Et il suffit d’un mot pour les réactiver. Des noms de villes et d’horizons : Malaga, Géorgie, Memphis (Tennessee) ou rugby au stade Charléty à Paris. Des écrivains admirés : Mauriac, Faulkner aussi. Comme autant de rencontres qui façonnent une vie. Certes, le rythme est différent, ralenti. Doit être apprivoisé lors d’une promenade tranquille sur ce « pont des regrets » auquel le romancier et essayiste nous invite. Pour rester en alerte face à ce nouveau qui peut toujours surgir. Refuser « l’écume triste » pour « l’espoir d’un matin ».
Stéphane Bataillon
@sbataillon
Retrouvez ce poème dans notre nouveau magazine La Croix L’Hebdo. N°7 en kiosques cette semaine et sur le blog de poésie contemporaine de La Croix « Un poème pour la route« .