Pardonne
pour ceux que le
chant
n’a pas chanté
la parcelle de lumière
que ciel dérobe
pardonne à
ceux chassés
en proie aux nuits
de dessous
couvre-les de cyprès
et de langues.
Remugles de racines
vous enfantent vous
font fleurir
dans la transparence
de l’orage.
Esther Tellermann
Selon les sources, Flammarion, 160 p., 20 €
Comme une prière. Une parole entre les strates de la terre et l’infini du ciel. Dans Selon les sources, la poésie d’Esther Tellermann se fait plus apaisée. Les ambitions des hommes y sont comme déposées. Les batailles, les blessures, les épreuves de la vie sont racontées avec un calme apporté par le temps. « Une guerre se combat/veut forcer/l’espace/où/peu à peu s’épuisent/le sable/et les figuiers » Prix Max Jacob 2015, élaborant depuis 1986 une œuvre poétique exigeante, et étudiée comme l’une des grandes voix de la poésie contemporaine francophone, Esther Tellermann poursuit, dans ce onzième recueil, l’épure d’une langue dense et souple. Une poésie pour revenir à son point, non pas d’origine, mais de vibration essentielle. « Avions trop ri/à la face des dieux/N’avions su/rester étincelle/une touffe de/cistes entre/les pierres. »
Stéphane Bataillon
(Initialement paru dans La Croix l’hebdo n°252 du 4 octobre 2024)