UPPLR #250 : L’infini, par Gérard Bocholier

L’infini
Par une brèche
Entre là

C’est dans le livre
L’étroit passage
La vrille de l’émotion

Une rumeur au grenier
Le cahier gris de l’enfance
L’escalier sans réponse

Dans la chambre
Tes baisers
Sur ma nuque sans défense

Gérard Bocholier
Cette allée qui s’efface, Arfuyen, 144 p., 15 €

 

Dans Cette allée qui s’efface, Gérard Bocholier, poète toujours sensible au mystère, né en 1947 à Clermont-Ferrand, livre un guide précieux pour ne pas craindre le temps qui passe. Pour ne pas se figer face à l’angoisse de la fin, mais continuer d’observer, chaque jour, l’arrivée de la lumière. Car si certains chemins disparaissent de nos vies, c’est pour mieux laisser « grandir l’humus/De chair et de mémoire ». Pour cet auteur qui, depuis plusieurs années, revivifie le genre des Psaumes au fil de recueils remarqués pour leur force sereine (Psaumes du bel amour en 2010 et Psaumes de l’espérance en 2012, chez Ad Solem) le chant du poème est un exercice spirituel. Un « souffle qui creuse en nous », apte à aider notre âme qui « cherche à mûrir/Le plein silence ». L’œuvre de Gérard Bocholier, riche d’une quarantaine d’ouvrages, est un long compagnonnage avec les mots à partager, afin d’apprendre à traverser l’existence sans regrets. « J’ai tout donné au sourire/Le soir/Qui montait des vignes/Où j’aurai dû vendanger. »

Stéphane Bataillon
(Initialement paru dans La Croix n°250 du 20 septembre 2024)