D’un songe j’ai modifié de quelques degrés la trajectoire des migrateurs.
Et le bel été s’est posé sur ton bras
l’a enserré dans sa griffe
comme un épervier.
Masse fluctuante qui borde les corps et les rives.
D’une pensée, j’ai rayé le jour sur toute sa longueur.
Je respire à la racine de l’oubli –
morsure de l’aspic des rêves –
j’entre seul dans une grande dynastie chimique du sommeil.
Francis Coffinet
J’appelle la pluie des faibles, Unicité, 88 p., 13 €
Acteur que l’on a pu voir dans les films Les Aventures d’Adèle Blanc-Sec, La Papesse Jeanne ou encore Il gèle en enfer, Francis Coffinet poursuit en parallèle une œuvre poétique déjà riche d’une trentaine de recueils. Dans son dernier ouvrage, J’appelle la pluie des faibles, il témoigne d’une foi en ces paroles qui, au-delà de la mort des proches, d’une mère qui s’en va, permet d’accéder à une autre relation. Un espace où la rencontre avec une transcendance apparaît à portée, restant toujours au plus proche des corps et de leurs sensations. « Je visite la part claire de ta nuit / je marche des heures en toi / toutes les musiques m’appellent dans leurs quartiers d’hiver ». Il formule, au fil de textes où le « je » n’est jamais égoïste et porte toujours au-delà, cette certitude active qui transforme le mot en lien de toute confiance : « un seul poème porte en lui / l’empreinte en creux / de chacun de tes jours ».
Stéphane Bataillon
(Initialement paru dans La Croix l’hebdo n°209 du 24 novembre 2023)