Toujours ce même geste
du matin :
Le dormeur remonte en vain
la mécanique des rêves
Il efface la nuit
de son visage
À pas lents
le petit jour est aux fenêtres
Il porte le temps sur ses épaules
Il n’a que faire des traits crispés
des mains des dos vrillés
des âmes en charpie
Simplement
à la dérobée
il va dénouer les ombres
Tous les matins
cette jeunesse passe
Notre chance peut-être
Jean-Marie Barnaud
Sous l’imperturbable clarté, coll. « Poésie », Gallimard, 2019, 272 p., 8,50 €.
Écoutez ce poème :
C’est une écriture souvent ramassée, toujours dense, que propose Jean-Marie Barnaud, poète né en 1937, essayiste et animateur de collections et de revues. Cette anthologie de poche rassemble des extraits de onze de ses recueils publiés de 1983 à 2014 chez Cheyne. Une occasion de découvrir cette voix qui semble contrer la peur de l’absence et de la mort en saisissant les mouvements subtils de la nature, corps compris. Un tour d’horizon intime qui se conclut sur une belle lettre autour de la création du poème, sur le choix parfois déchirant d’un seul mot.
Stéphane Bataillon
(Chronique parue dans le n°2 de La Croix L’Hebdo du 11/10/19 et sur le blog dédié à la poésie contemporaine “Un poème pour la route“)
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