remonter le cours
du ruisseau d’après la cascade
les pieds nus
femme et fille
y pensaient depuis hier ont réalisé
leur désir ardent
pas si froide
est l’eau que nous admirons
réalise la première
je raconte là
nos petites occupations qui nous font
modulent nos vies
qu’elles préfèrent
l’onde qui coule aux lacs
pour se rafraîchir
elles s’écartent
de la berge des petits malheurs
qui sont emportés
Romain Fustier
Toutes ces bêtes autour, Cahiers du Loup bleu,
Éd. Lieux-Dits, 42 p., 7 €
Écoutez ce poème (lecture : Stéphane Bataillon) :
Poète né à Clermont-Ferrand en 1977 et animateur avec sa compagne Amandine Marembert de la très belle revue de poésie Contre-allées, Romain Fustier raconte dans ce recueil les promenades en pleine nature effectuées avec sa famille. Des moments simples où la nature entre en résonance avec nos souvenirs, nos gestes, nos désirs. « Détails des paysages / que je confronte à la représentation / d’autres écrivains // ils ont traversé / les mêmes lieux en les imprégnant / où je passe » pour les rejoindre et entrer en dialogue, apporter sa propre manière de relever « ces traces grandes / au matin peut-être un cerf / sur le chemin ». Romain Fustier use d’une langue ramassée et sensible, attentive au moindre soubresaut, aux signes de ses proches : « qu’elle aime / les campanules qu’elle les aime / a-t-elle clamé. » Une belle déclaration d’amour au quotidien.
Stéphane Bataillon
(Initialement paru dans La Croix l’hebdo n°179)