Et il y avait une odeur de menthe
et à Raqqa nous avions bu deux verres de thé noir
sous une gloriette de roses
Rakka ar-Raqqah
où l’on entend à la longue Caracalla
empereur romain mais syrien par sa mère
qui donna la citoyenneté à tous les étrangers domiciliés
sur le territoire de l’Empire
si loin
de la parcimonie qui nous
étouffe aujourd’hui. Et qu’est-ce que nous y pouvons ?
sinon rappeler
ce qui fut et ne devrait pas disparaître –
ni l’empathie ni les turbans ni les peupliers ni la vivacité
des femmes ni la douceur increvable des glaïeuls
nos mille et une nuits sans pareil
même si tout va plutôt
comme on le sait
par soustraction
Bernard Chambaz, Et, éd. Flammarion, 160 p., 18 €.
Écoutez ce poème (lecture Stéphane Bataillon) :
Quelques mois après la publication de son roman Un autre eden (Seuil), Bernard Chambaz nous entraîne dans son nouveau recueil, Et, à la suite de Jack Kerouac, de Boileau, de Nerval et des potentialités exponentielles de cette toute petite conjonction de coordination qui donne son titre à l’ouvrage. En tordant la langue, en se jouant des espaces et de la ponctuation, Chambaz nous raconte des histoires, brouillant chronologie et personnages, pour mieux raconter quelque chose du monde et de sa vie avec une belle énergie.
Stéphane Bataillon
Retrouvez ce “poème sur la route” dans le n°17 de La Croix L’Hebdo, en vente cette semaine en kiosques et sur le blog “Un poème pour la route” : https://poesie.blogs.la-croix.com.