Il fait si beau que le temps lui-même en
viendrait à te faire oublier le temps.
Gilles Baudry
Et des jardins d’enfance
où s’éternise l’été en cascade
miel et lumière
Ton corps à l’aise entre les graminées
deux abeilles autour de la reine-claude
échouée sur le pré qu’épargne la faux
L’été mûrit placidement
sous les parfums repus
les couleurs opulentes
Grains de poussière
irritant la gorge
la torpeur aveugle de midi
Des échardes dans le corps sec
tu chapardes ici et là
des taches ombreuses
Combien de jours arides
tessons hérissés
vers le ciel chauffé à blanc
Colette Nys-Mazure
À main levée, Ad Solem, 96 p., 17 €
Avec À main levée, Colette Nys-Mazure nous offre une nouvelle moisson de textes à partager pendant les vacances. Un été bienvenu afin que la chaleur, là depuis longtemps, se charge de sourires et de mains tendues. Partir ou recevoir, rappeler ses amis, écrire à leur suite, comme ici avec un vers du poète et moine Gilles Baudry, que vous retrouverez dans La Croix L’Hebdo à partir du numéro des 16-17 juillet, pour des méditations poétiques estivales. Un temps nécessaire pour reprendre son souffle et, quoi qu’il arrive, malgré les pertes, les inquiétudes, la nostalgie « s’ouvrir à ce qui vient / à la rencontre / de qui s’en va / délestée ravie ».
Stéphane Bataillon
(Initialement paru dans La Croix l’hebdo n°139 du 01/07/2022)