Il y a une petite bruine au front de la montagne,
Chaque feuille de plante à fleurs, de taro, d’arbre et de buisson frémit d’extase.
Et les chants de la pluie de toutes les florescentes qui ont appelé la pluie
Se trouvent ici, florissants sous les courants du chanter.
La pluie nous ouvre comme des fleurs, comme la terre qui a soif depuis plus d’une saison.
Nous arrêtons nos bavardages, nous cessons de penser pour en boire le mystère.
Nous écoutons comment la pluie est devenue pluie, comment nous sommes devenus humains.
La moiteur sature et nettoie tout, y compris les coupables du second renversement.
Nous planterons des chants où étaient les malédictions.
Joy Harjo
Poet Warrior, Globe, 256 p, 21.90 €
Écoutez ce poème (lecture Stéphane Bataillon) :
Née à Tulsa (États-Unis) en 1951 d’une mère cherokee et d’un père creek, Joy Harjo est la descendante d’une lignée de guerriers et de chefs indiens déportés en Oklahoma dans les années 1830. Poète, chancelière de l’Academy of American Poets depuis 2019 et élue deux fois « poète officielle des États-Unis », elle est aussi dramaturge, scénariste et musicienne. Après de nombreux recueils d’une poésie qu’elle publie depuis 1975, et deux livres récemment parus en français chez Globe, Crazy Brave (2020) et L’Aube américaine (2021), ce journal poétique, mêlant prose et poèmes, est l’histoire touchante et engagée de sa vie, de l’éclosion de sa vocation, de ses admirations et de la découverte du langage comme arme d’émancipation et outil de réconciliation. Cette biographie émaillée d’anecdotes nous plonge au cœur d’une Amérique en mutation permanente, où il n’est jamais aisé de préserver son histoire.
Stéphane Bataillon (@sbataillon)
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