Pourquoi faut-il s’ingénier à devenir
rhinocéros ou tigre
fleuve sombre
aussi puissant que le voyage aveugle d’un serpent ?
Pourquoi devenir
torche ou feu
murmure halluciné d’un ruisseau
alors qu’il convient simplement
de se perdre ou d’inventer un chemin
afin de traverser la vie ?
Christian Viguié
Ballade du vent et du roseau, La Table Ronde, 224 p., 18 €
Écoutez ce poème (lecture Stéphane Bataillon) :
Pèlerin du poème, attentif à chaque élément de son entourage et aux mouvements qui se révèlent lors des nouvelles rencontres, Christian Viguié cherche « Comment nouer le paysage du dedans / et celui du dehors ». Dans ce livre rassemblant quatre ensembles de textes, l’auteur, né en 1960, lauréat du Prix Mallarmé en 2021 pour Damages chez Rougerie, poursuit la traversée d’une existence attentive à ce qui arrive à lui, loin des bruits de la ville. Sans emphase, mais avec le souci de retranscrire au plus profond les rythmes de sa vie, il mêle à ses observations déclarations d’amour et chants pour celles et ceux qui sont partis. « Nul faucon / nulle prairie / nul nuage // Seule la ronce / se souviendra de mon passage / elle qui a conservé de moi / une goutte de sang. »
Stéphane Bataillon (@sbataillon)
En partenariat avec l’émission « Poésie et ainsi de suite », de Manou Farine, chaque samedi à 17 h 30 sur France Culture. Disponible sur franceculture.fr et l’appli Radio France.
Retrouvez ce poème dans La Croix L’Hebdo n°128 du 15 avril 2022.