On écarte un bout d’os
On met dans le silence
Une ambition féroce
Reste une odeur de nuit
De bois tendu de lin
De cheveux bleus de sang
Dans une tasse d’eau de mer
L’enfant cherche
Le bleu profond
Didier Cahen
Contes d’avant l’heure, Tarabuste, 90 p., 12 €
Écoutez ce poème (lecture Stéphane Bataillon) :
Grand passeur de poésie, inspiré par ceux qu’il appelle ses « pères », Edmond Jabès, Jacques Derrida et André du Bouchet, Didier Cahen (né en 1950) revient avec un recueil à la fois grave et confiant en la vie qui s’offre. « Le jour est sombre/On sent dans la vie des saisons/Glisser un grain de sable ». Ces Contes d’avant l’heure (trois suites de poèmes) font entrer l’imagination de l’enfant par effraction dans la grisaille : « Les signes sont assez riches/pour qu’il se sente vivant/Comme on ne peut pas l’être ». À condition de savoir les utiliser, les présenter dans le poème pour que ces signes et ces images coulent de source et rafraîchissent nos vies. Une écriture à la fois sobre et tendue, proche et haute à la fois, une parole qui accueille les doutes et nos balbutiements pour un rêve commun. « Ne serait-il pas plus facile alors/De b-b-bbâtir (dis-moi)/Une nouvelle terre ? »
Stéphane Bataillon
Retrouvez ce poème dans La Croix L’Hebdo n°109 du 26 novembre 2021