entre n’aie pas peur le soleil ne te fera pas de mal
il a l’habitude des passants
l’autre soir il a fait quelque chose d’incroyable
dans le jardin derrière toi il a rassemblé l’eau du puits
le vieux tilleul la lavande et les azalées bleues
il s’est agenouillé tout était doré il a porté la saison
à ses lèvres et là il a tout simplement prié – oui je te le dis
comme ça – il a prié
depuis il est plus éclatant
Isabelle Giraudias
Le soleil est un dieu fugitif suivi de Sakura, L’enfance des arbres, 140 p., 16 €
Écoutez ce poème (lecture Stéphane Bataillon) :
Pour son premier recueil de poésie, Isabelle Giraudias convoque les éléments pour une danse vers la lumière. « Viens à moi/comme plonge l’âme vive des cascades/nous serons l’arbre fier aux racines du temps ». Un ballet d’images, souvent utilisées jusqu’à l’usure, mais qui se chargent ici d’un élan, d’une énergie particulière. Témoignage d’une conversion spirituelle, aux contours mal établis mais d’une sincérité touchante, cet ouvrage édité par L’enfance des arbres, maison dirigée par le poète Jean Lavoué, est illustré par des photographies où les détails de nature– ciels, rivages, gouttes de rosée – frôlent l’abstraction pour mieux accompagner ce dire des limites. Une alliance nécessaire, aussi fragile que cette suite baptisée Sakura, les fleurs de cerisiers japonais, pour éviter que « le ciel soudain/mis à nu ronge tout l’espoir plié au fond de l’enfance ».
Stéphane Bataillon
(Poème à retrouver dans le numéro 104 de La Croix L’hebdo du 23 octobre 2021)