Robes feu de jeunes filles, garçons sombres, chatoyants,
Je témoignerai, dans l’alliance enfantine,
J’irai aux dalles fraîches y déposer le livre,
Le murmure de la mer soudain surgit comme une voix d’écume.
Le ciel est de tôle argent bleu, sur les terrasses d’herbe
Je témoigne des oiseaux circulant dans le vent.
Nuage inouï, étoffe de fleurs, pré de velours,
J’ai des chemins de pas écrits sur le visage,
Des taches d’ombres claires sur des barques heureuses.
Béatrice Douvre
Journal de Belfort, La Coopérative, 196 p., 20 €.
Écoutez ce poème (lecture Stéphane Bataillon) :
Atteinte par le drame de l’anorexie dès son adolescence, Béatrice Douvre (1967-1994) interroge son corps malade d’une passion intranquille. Dans ce journal intime, elle relate les six derniers mois de sa vie, livrant le récit implacable des traitements médicaux, l’intime des dernières relations, les moments de grâce et les déceptions abyssales. Teinté d’une spiritualité brute, sa prose se transforme finalement en poèmes. « Adieu aux mots sertis/aux mots de gloire.(…) Neige aux ailes feu », écrit-elle. Un peu d’air, dans le blanc des pages.
Stéphane Bataillon (@sbataillon)
Retrouvez ce poème dans le n°10 de La Croix L’Hebdo, en kiosques cette semaine avec un passionnant dossier sur l’élaboration des vitraux de Conques par Pierre Soulages et une conversation avec l’artiste qui fête son centenaire.
La Croix L’Hebdo, en kiosque, 3,80 euros.