Le soleil est exactement à 90°
Un pin un nuage
Et moi en dessous mon regard dans le vide
Claire et pur
Une flèche sans cible
Carolyn Carlson
Une tension palpable, presque des parfums, envoutant ou acides. Les poèmes de Carolyn Carlson , la grande chorégraphe américaine, ne sont pas un pas de côté dans sa vie d’artiste. Plutôt des mots qui accompagnent le mouvement des corps, les étirements, les cris et la grâce. Des poèmes courts ou longs, présentés ici en version bilingue et, entre les lignes, des dessins abstraits, proches d’une calligraphie inconnue, ou figuratifs, faisant penser à Giacometti. De la prose ou des vers secs, brefs, hachés… Ce recueil est un ballet. Un ballet qui parle du vide, de la vie, du monde qui, lui aussi, essaye de trouver le bon rythme. Pas nécessairement d’accords, pas forcément d’harmonie attendue. Ici, la poète crée volontairement des accidents. Pour nous surprendre, pour nous faire bouger. Pour que, nous aussi, entrions dans la danse.
Stéphane Bataillon
Au bord de l’infini, de Carolyn Carlson, suivi de Dialogue avec Rothko. Préface & traduction de Jean-Pierre Siméon Ed. Le Passeur, 200 p. 18,50 euros.
Retrouvez cet article sur le nouveau blog de poésie contemporaine de La Croix : Un poème pour la route.