Bernard Fournier consacre une belle note de lecture à mon recueil « Où nos ombres s’épousent » dans le numéro d’avril 2011 de la revue littéraire Europe (n°984) :
« Il est toujours agréable de saluer un nouveau poète, jeune surtout, « ni un poète maudit ni un homme en exil » comme le signale l’éditeur en couverture. (Jetons un œil sur son blog, il écrit tous les jours). Celui-ci souligne l’héritage de Claude Vigée et de Guillevic, car il faut bien des pères en poésie comme ailleurs. Mais Stéphane Bataillon a bien sa voix propre, et forte et sensible : « J’ai juste perdu/ celle que j’aimais ». Ce livre est né d’un deuil que le désespoir assomme : « Vouloir que tout ressemble/ au vide que l’on porte », et le vocabulaire se fait parfois brusque : « larmes retenues/ on y crève d’être seul ». Mais quand on est poète, la douleur s’agrippe sur les mots, et grâce à eux, on revit : « Je t’avais promis/ une caresse chaque soir/ désormais, ce sera un poème ». L’écriture sauve. Alors ce chant de deuil devient un chant de vie. Le poète sait la nécessité de « Maintenir le serment […] / Et déplacer les dunes/ par la seule ambition/ de se relier ensemble ». Il faut « tenir le rendez-vous », nous dit-il. Car il ne s’agit pas d’oublier, il ne s’agit pas de renier le passé, il s’agit de vivre avec le souvenir : « Ni tourner la page/ ni changer de route/ Poursuivre ». Le poète se lance dans la vie :« Je prends le risque de la foule ». On le voit, cette poésie est d’une grande efficacité: langage simple, images réduites, mais une grande sensibilité, à fleur de peau s’offre à l’orée de nous. Gageons que nous réentendrons ce jeune et nouveau poète bientôt. Nous l’espérons. Il nous fera du bien. »
Bernard Fournier