Se battre était naturel,
la douleur était réelle,
et le cuir tel du plomb
au bout de mon bras
était un billet pour gagner
le sommet de la colline.
Se battre, c’était réel.
Le picotement de l’onguent
et les hurlements de la foule
demandant du sang sur le ring,
et le tintement de la cloche
perçant distinctement
le nuage jusqu’à mes oreilles.
Boxer, c’était réel.
La corde dans mon dos
et la serviette au sol,
la gifle de quatre marteaux,
de nouveaux os dans ma mâchoire,
mon protège-dents en bouche,
ma langue qui se met à enfler.
Se battre, c’était vivre.
Boxer, c’était réel.
Se battre, c’était réel.
Vivre, c’était… l’enfer.
Maya Angelou
Rien ne me fera plier, traduction de l’anglais (États-Unis) par Santiago Artozqui
Éditions Seghers, 144 p., 15 €, parution le 3 avril
Tour à tour chanteuse, danseuse, actrice, reporter, compagne de lutte de Martin Luther King et de Malcom X, poètesse, écrivaine, enseignante et réalisatrice, Maya Angelou (1928-2014) a marqué la vie artistique et politique des États-Unis. Récompensée par le National Book Award pour « service exceptionnel rendu à la communauté littéraire américaine », elle s’est efforcée, avec ce recueil paru en 1990, de devenir passeuse de mémoire pour que les jeunes générations n’oublient jamais l’importance des luttes pour le respect et la défense des droits humains.
La 27e édition du Printemps des poètes a lieu dans toute la France du 14 au 31 mars. Le thème retenu cette année, « Volcanique », exprime la puissance du souffle et d’imagination du poème. La Croix L’Hebdo s’y associe en vous proposant durant tout le mois un choix de textes tirés de l’anthologie évolutive et proposé dans le cadre de cette manifestation.
Information et programme : www.printempsdespoetes.com
Stéphane Bataillon
(Initialement paru dans La Croix l’hebdo n°275 du 21/03/2025)