Aujourd’hui, une composition sonore réalisée avec Julien Beau autour d’une drôle de plante carnivore. Miam.
De botanica sonorum / Rossolis
Musique et paysages sonores composés par Julien Beau
Texte et voix de Stéphane Bataillon
En référence à l’oeuvre majeure ” De natura sonorum “ du compositeur Bernard Parmegiani, ce titre évoque un souhait de rendre hommage de la manière la plus poétique qui soit à la nature et plus précisément à la botanique, science consacrée à l’étude des végétaux. En croisant le travail et les découvertes des célèbres explorateurs et chercheurs Philibert Commerson et Pierre Schaeffer, nous remarquons bien la similitude de chacun à vouloir répertorier des espèces, des familles de « matières » qu’elles soient végétales ou sonores. Il est temps aujourd’hui de renouer avec notre authentique perception du monde, les liens qui nous unissent entre notre héritage, notre évolution et notre mémoire collective. Elle a toujours inspiré les arts, la peinture et la musique. Elle s’est progressivement isolée de notre société moderne au lieu de faire corps avec cette dernière.
Décontextualiser la matière vivante est aussi la meilleure façon de la connaître, de l’étudier et de la percevoir au plus juste, au plus près, ce que n’ont cessé de faire les grands personnages de notre Histoire.
A titre expérimental, nous avons choisis une espèce carnivore et protégée trouvant refuge dans les tourbières du Limousin, la droséra ou rossolis (la rosée du soleil). Ce sont « des plantes ornementales à sphaignes rougeâtres et qui vivent dans des milieux humides, pauvres et acides. Elles sont sensibles aux excitations mécaniques et chimiques. Elles portent des poils glanduleux, parfois irritables, sécrétant des substances mucilagineuses qui attirent et engluent les insectes. Les insectes ainsi piégés peuvent ensuite être digérés par des enzymes protéolytiques ».
Phonographie d’un paysage avec ses sonorités (qui lui sont habituelles) à savoir le « silence habité » et l’ambiance d’une forêt qui dévoile sa faune et sa flore, ce portrait sonore se précise avec l’arrivée progressive de nouveaux éléments comme le gazouillement ou autres phénomènes évoquant la forte présence de l’eau, de mousses et d’insectes. Cette soudaine tension obtenue par la juxtaposition de ces figures sur fond, attire notre écoute vers une échelle plus précise, comme la lumière qui nous est indispensable pour discerner les formes. L’utilisation de sons purs comme la synthèse par modulation de fréquences, symbolise ici l’arrivée d’une luminosité accrue. Cette métaphore est censée décrire au soleil le mucilage qui permet à la feuille de briller, comme si elle était recouverte de rosée ou de nectar, et attirer ainsi, les insectes vers le piège.
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