Au sein de l’atelier d’écriture poétique qu’elle anime depuis de nombreuses années dans un collège d’Asnières-sur-Seine, la poète Danièle Corre a eu la gentillesse de prendre l’un de nos poèmes, Ma nation, comme base d’une séance. À la suite de sa lecture, les adolescents ont inventé les poèmes suivants, que Danièle nous a autorisé à reproduire. « Pour être, la poésie n’attend que votre regard« écrivait Andrée Chedid. Un grand merci à eux pour ces quelques mots, révélateurs d’émotions nouvelles, qui nous font penser que ce que nous faisons n’est peut être pas complétement inutile.
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Ce serait un coucher de soleil
qui brouillerait la vue
de sa lumière
Ce serait une terre
qui distillerait ses odeurs
dans l’air frais du soir
Ce serait des arbres
entourés de buissons
furtifs et épars
Mais la nuit tombera
sur ce paysage féerique
de peur de l’abîmer
et de la salir
parce qu’il faut toujours
avoir un lieu pour rêver.
Margaux
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Ce serait un enfant
que tu as sous les yeux
qui marque d’un geste
un moment de fatigue
Ce serait une couleur en fuite,
du bleu au rouge,
une erreur.
Mais à son côté une silhouette
Elle nous regarde,
De ses yeux blancs,
Elle nous fait peur
Dans son regard,
je voit la lune
Anne-Cécile
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Ce serait des falaises
qui arrêteraient le vent
dans son élan
Ce serait l’écume
qui s’écraseraient sur les rochers
dans un violent fracas
Ce serait les oiseaux
tournoyant dans le ciel,
lançant leur cri strident
qu’emporte l’horizon
Mais je suis dans mon lit,
pensant déjà à d’autres paysages
qui illumineraient mes nuits
Martin
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Ce serait une étendue de sable recouvert par la mer
qui défierait l’immensité
Ce serait des collines
qui nous regarderaient de haut
Ce serait des pas
qui mèneraient vers l’inconnu
Ce serait des traces
qui s’effaceraient au gré du temps
et de la mer changeante
comme des mauvais souvenirs que la mémoire refuse
La liberté le dresserait devant nous
narguant et défiant notre petite vie tranquille
Mais on suit son chemin
pour ne pas oublier qui l’on est
un point au milieu de l’univers
Parce que l’on a peur de s’aventurer trop loin
dans l’imperceptible
La vie est trop courte
pour découvrir l’abîme.
Simon
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Ce serait un drap bleuté
Qui acceuillerait doucement
Les bateaux ensommeillés
Ce serait un monde
Qui nous emmenerait lentement
Au rythme de ses ondes
Ce serait une voile
Qui nous menerait calmement
Au pays des étoiles
Laure
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Les teintes de la brume
Enchantent la montagne
Parsemée d’arbres
D’un drap rosé.
L’éveil des nuages
Coton velouté
Donne à la nature
Une teinte voilée.
Qui porte au ciel
La couleur,
La joie,
La beauté,
La vie,
Son mystère
Pour que la fraîcheur de l’aube
dévoile l’aurore cristalline
d’une nouvelle journée.
Mathilde