Petit retour sur ces douze derniers mois de création poétique avec trois poèmes par jour tracés au fil des mois de 2019 et ce, jusqu’au 31 décembre. Joyeux Noël !
Une rose s’est épanouie
dans la froidure des lunes
Ce matin, au réveil
j’étais plus concentré.
À Yvon Le Men
J’ai bien cru voir un homme
et son bleu de travail
déposé sur la chaise
une tasse de café froid
il versait une larme
qui inondait sa vie
il pleuvait ce jour-là
quelques gouttes
de joie.
Pour S.
Discuter jusqu’au jour
du fil de nos vies
Tisser d’une joie douce
une étoffe solide
S’en couvrir de confiance
pour sortir ce matin.
Notes sur la poésie #68 (19/05/2019)
Remarque, hier, d’une proche : “Mais ta poésie ne sert à rien, ne fait rien pour aider à résoudre les immenses difficultés du monde, ne s’engage pas, est, finalement, un peu égoïste.” Pause. Doute. Et si tout cela ne faisait qu’ajouter du bruit au bruit ? Une vanité de plus ?
J’espère que non. J’essaye de créer quelque chose, un objet-poème. Un ensemble de matière-mot que je taille et affine, précise, décharge, dans un double but : certes que l’ensemble chante pour moi. Qu’il me procure une très légère et fugace euphorie qui justifiera, quoi qu’il se passe, cette journée de plus. Mais c’est bien pour qu’il puisse, ensuite, et chargé de cette vibration transformatrice, résonner chez l’autre. Lui procurer aussi, par ces mots, quelque chose d’inutile et d’essentiel : une émotion inattendue.
Pour contribuer à intensifier l’énergie du vivant.
Un tweet, d’un ami inconnu, vient, comme toujours par hasard, me rassurer un peu : “Lorsqu’au bureau les heures se font oppressantes, je prends quelques minutes pour lire les derniers poèmes de @sbataillon. Au final, peu importe la tyrannie de l’urgence, puisque “Une rose s’est épanouie / dans la froidure des lunes”
Je ressaisis ma pointe
dès l’aube du jour qui vient
Sans cesse travailler
à la taille des menhirs.