Bonjour à toutes et tous,
Comme chaque année depuis 5 ans, une petite rétrospective des quelques poèmes de ces douze derniers mois qui résonnent encore. Une sélection de douze textes, en mots, sons et images. L’occasion, surtout, de vous souhaiter une très bonne et belle année 2015 qui s’annonce, déjà, passionnante.
Janvier : l’arche de Grimm, Hamelin.
Né trois mois avant terme
je ne sais pas les mots
gravés derrière la porte
J’ai bien dû me contraindre
privé de tes caresses
à défier le jour
Et je reviens ici
dans le château en ruines
pour libérer la place
Il suffit de trois notes
au pas lent de la ronde
pour qu’un enchantement
L’aventure recommence
Mais avec mon armée
Car il y avait une fois…
Février : Prises #1/10
Tu t’approches du rebord
pour déceler ce monde
Vaincre ce qui te retient.
Photographie de Thomas Louapre / Collectif babel photo >Voir toute la série Prises
Mars :Instapoème #45
Tenter de percevoir
ce qui a fait ta vie.
Temps mis à part.
>Les instapoèmes, poèmes et proses poétiques sur les photos Instagram de MrFreakz.
Avril : Rossolis
Composition sonore réalisée avec Julien Beau autour d’une drôle de plante carnivore. Miam.
De botanica sonorum / Rossolis – Musique et paysages sonores composés par Julien Beau – Texte et voix de Stéphane Bataillon
Mai : Elles #30 : Axelle
Approche la vague
presque
se noyer
presque
échapper au malheur
d’une inflexion infime.
Illustration : Robin
Juin : Les hiboux
Me poser la question
de ce que je ferai
De la course
la nuit
dans cette forêt
Quand les cris du hibou au bec ensanglanté
quand le cri des hiboux aux becs ensanglantés
quand ils sont des millions
autour
pour transpercer
Les bijoux, les choux, les joujoux
Je ne connais pas la
Je n’ai jamais connu la
Je t’imagine
seule,
essayer de dormir
recouverte de feuilles
entre la pierre
entre le métal
Pierre feuille ciseaux
pierre feuille
Gagné
Tu peux partir
Sur la pointe des pieds
sur la pointe du sang
couverte par ses cris
Coucou hibou
coucou hibou
coucou coucou coucou
Je ne connais pas la
je ne sais pas comment on fait la
Comment on fond la pierre
avec des bouts de becs
Dans la forêt lointaine
ils m’entendent à genoux
Du haut de mon grand chêne
je réponds au hibou
Coucou hibou
coucou hibou
coucou coucou coucou
COUCOU HIBOU
COUCOU HIBOU
COUCOU COUCOU COUCOU
– Mais, papa, il est mort le hibou.
– Alors, c’est la .
Juillet : Les attentes
J’attends
J’attends que tu
J’attends que ça
J’attends qu’ils
arrivent
prennent tout
transportent
déposent
Je m’y mettrai
avec toi
avec ça
Et j’attendrai.
Illustration : Marielle Durand
Débord
Je regarde l’arbre de ma fenêtre
l’arbre de ma fenêtre déborde sur ma rue
il est beau, l’arbre de ma fenêtre qui déborde sur ma rue
Demain, je le quitterai
l’arbre de ma fenêtre qui déborde sur ma rue
Je quitterai ma fenêtre
Je quitterai ma rue
Je déposerai les clés
au coeur de son tronc
Pour qu’il déborde la ville
pour qu’il déborde les yeux
de ceux qui regarderont l’arbre de leur fenêtre.
Août : Ignorances
Je ne sais pas le nom des fleurs
dont tu me demandes le nom
Je n’ai pas dû le demander
personne n’a dû pouvoir répondre
Je ne sais pas le nom des fleurs
dont tu me demandes le nom
Alors les apprendre avec toi
sur ce chemin bordé de fleurs.
Septembre : Coefficient
Ne pas forcer la ligne
et retirer les peurs
profitant des marées.
Octobre : D’entre nos bras
On se transformera
en tigres et en dragons
en terribles sorcières
On refera le monde
juste avant de leur dire
que c’était pour de faux
D’entre nos bras.
L’invention du poème (19)
Laisser ses mots en jachère. Pour qu’ils reprennent des forces et s’adaptent à la terre qui vient d’être changée. Qu’ils puissent nous étonner par une vitalité dont nous sommes incapables. D’une respiration, d’une rencontre nouvelle, reprendre le chemin de l’infime aventure qui pousse notre épopée.
Retrouvez les rétrospectives précédentes :
Rétrospective 2013
Rétrospéctive 2012
Rétrospective 2011
Rétrospective 2010