Ce n’est pas
un pouvoir qui s’exerce
qui juge ou qui empêche
Mais une puissance
qui s’accomplit
à chaque instant des nuits
Les enfants l’appellent
Beauté, Dieu ou amour
Elle a l’immense pouvoir
d’électriser nos jours
Moi, je l’appelle poésie.
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Artisan de la parole. J’aime cette expression. Comme si, finalement, mon unique et belle tâche était de veiller chaque jour à m’en rappeler, à faire tout ce qui en mon
pouvoir, avec tous mes talents, avec mes limites qui me singularisent, pour qu’elle puisse circuler, en moi, en nous. D’un mouvement sans arrêt. Mais pas sans ombres, pas sans reliefs. Avec l’agencement de mots qui sont le témoignage de mon apport au monde. Cette place qu’on cherche tous, elle est pour moi ici. Un ici infini. D’une lecture, d’une écriture, d’une nouvelle lecture. Pour dire et partager, chaque matin, le simple étonnement de continuer à vivre.
Les réformateurs et les pasteurs qu’ils suscitèrent furent des prédicateurs prolixes. Ils ont longtemps été appelés « ministres de la Parole ». Il serait plus juste de parler de la religion de la Parole.
James Woody, grains de sel, Actes Sud, 2016.