Dans l’enfance, l’élan initial de nos enthousiasmes se voit freiner par les contraintes extérieures. Par les espoirs mis en nous, après une première phase, de faire fructifier les germes dans le bon sens. Que le tuteur soit utile à la forme que les autres attendent, souvent avec la plus grande bienveillance. Le poème permet de déjouer cette injonction. De rester au plus proche de l’état naturel de notre joie, de son mûrissement. De la reconnaissance constante d’une ombre en nous à porter vers la parole. Le poème, d’un mot à l’autre, permet de conserver (de reprendre, de retisser) le mouvement indispensable de toute existence. De se sentir vivant. En communion d’imaginaire avec. L’autre, le monde, quelque chose de plus. L’exercice du poème est, littéralement, bénédiction.