Peut-être qu’avec le conte de fée, la poésie est le plus bel écrin pour formuler l’imaginaire. Deux genres, contraints et codifiés en apparence, pour transmettre par les mots un peu de l’énergie qui permet à chacun de s’éveiller à soi, aux clairières alentours, sans autre frontière que les reflets dans le miroir. La puissance de l’imaginaire, sa reconnaissance, sa prise en compte à chaque instant : là est la source dont il faut s’abreuver.
« La fonction du mundus imaginalis et des Formes imaginales se définit par leur situation médiane et médiatrice entre le monde intelligible et le monde sensible. D’une part, elle immatérialise les Formes sensibles, d’autre part, elle « imaginalise » les formes intelligibles auxquelles elle donne figure et dimension. Le monde imaginal symbolise d’une part avec les Formes sensibles, d’autre part avec les Formes intelligibles. C’est cette situation médiane qui d’emblée impose à la puissance imaginative une discipline impensable là où elle s’est dégradée en « fantaisie », ne secrétant que de l’imaginaire, de l’irréel, et capable de tous les dévergondages. »
Henry Corbin, Corps spirituel et Terre céleste, Prélude à la deuxième édition (1978)