Lisant L’encre serait de l’ombre, l’anthologie personnelle de Philippe Jaccottet, je me demande. Sur quel motif interpréter sans risque d’épuisement ? Sur quel motif j’interprète ? Sur quel fragment de monde encore plus proche de moi que le roc de Bretagne, que le château d’enfant, que la parole inscrite ?
Sur une onde.
Tout à la fois lumière, énergie et parole. Bien au delà, beaucoup plus proche. Un lien sans religion, qui régit sans combat. Sans qualificatif. Non par insoumission, mais pour être impartial. Un absoluà ma hauteur, poli après extraction. Plus incarné et chaleureux que tous les autres noms et que du mot amour.
Et le poème n’est pas une vaine tentative pour tenter de la dire. Non, finalement, pas à corps perdus. Pas en changeant de peau. Pas un poème qui créerait l’aventure d’une quête trop immense, qui aurait, romantique, mon destin à accomplir comme par procuration.
Au contraire, une parcelle. Autonome. Minuscule. À chaque fois l’expérience de cette source, avec le risque constant du mot en plus, du mot de trop qui l’utiliserait. Une source qui pourrait disparaître en demeurant toujours.
L’enjeu serait donc sa perception. Maintenir une proximité quotidienne avec elle. Pour écrire. Pour vivre. Avec certains étés des risques d’assèchement.
L’étoile n’est pas inaccessible car elle n’est pas étoile.
Elle est fraîcheur d’une gorgée d’eau dont il faut juste se souvenir. Un souvenir de l’instant du souvenir.
C’est ce qui apparaîtrait entre nos deux regards.