Quelque chose revient dans la poésie contemporaine. Quelque chose de positif. Un mouvement initié, qui ne voudrait pas rompre mais remettre en lumière la voix de celui qui écrit. La remettre à nu, simplement, directement, pour la faire partager.
Est-ce la crise ? Est-ce le besoin de ralentir, de reprendre possession de son temps dans ce temps qui n’a qu’une exigence : aller vite et, si possible, être le premier ? Peut-être. Les circonstances, souvent, obligent les possibles.
Une prise de conscience que seule une langue qui porte, même un peu, mais un peu plus, nous empêchera de tomber dans le piège d’être tous convaincus que nous pourrons, tous, être distingués (mais pendant un temps bref, mais à condition que…). Une course sans fin, frénétique. Un mouvement de fuite, qui donne l’impression de nous valoriser, sans répit, jusqu’à l’épuisement. Jusqu’à nous faire perdre toute valeur, pour nous laisser, un jour, à bout de force, à bout de course, dans le désert. Un désert, fait de silences creux et de nos solitudes. Un vide, impossible à combler, insupportable.
Envie d’en sortir, de ça. De proposer une alternative. Un engagement renouvelé, rafraîchi. Un lyrisme. Mais un lyrisme connecté, en mouvement, à la fois concentré et limpide. Qui relierait aux autres en injectant du souffle à travers les liens de ces réseaux si vastes.
Un lyrisme pour dire tous nos « je », aujourd’hui, au plus juste. Qui ne refuserait aucune des expériences ni aucune des routes, sensibles ou spirituelles, mais qui privilégierait une certaine clarté. Pour former doucement une image nouvelle, lisible. Celle d’un monde qui se dirait tout bas, avec ces mots de tous les jours. Un murmure souterrain accumulant la force, vers une joie possible.
Un lyrisme des sources. Pour tisser et transmettre ce qui peut subsister. Pour partager, ensemble.
Stéphane Bataillon
Un commentaire
Le désert n’est pas vide, il se traverse.