Le poème n’en finit jamais de cerner le silence. À force, il pourrait aboutir à la concision extrême d’un seul mot, mot vibrant, en mouvement. Celui de ce principe qui nous est commun. Mais ce n’est pas suffisant. Pas tout à fait reconnaissable encore. Alors, soudain, dans un renversement de proie à prédateur, le silence prend place au cœur du poème. L’irradie, le submerge, l’anéanti totalement, avec son consentement. Ayant effacé jusqu’à sa trace, cet obscur et silencieux silence lui offre une forme d’éternité. Second retournement, le poème gagne alors l’empreinte profonde et invisible qui nous le rend définitivement utile.
Le poème use la parole, ôte sa gangue d’intelligence pour révéler sa transcendance dans un geste, libre et aimant. Dans la lumière de nos sourires, dans la chaleur de nos caresses. Doux et tranquille comme un matin d’été.