L’angoissante impression de se répéter. Que ma poésie en a peut-être finie d’être utile, d’établir le cadastre du paysage où je vis. L’impression de ne plus rien avoir à faire, que tout est calme et apaisé. Que le royaume menacé a trouvé la parade, assurant ses frontières. Qu’il suffit, désormais, d’en assurer les rondes et de goûter la vie. Est-ce un mal ? Beaucoup disent qu’un écrivain passe sa vie à n’écrire qu’une seule chose. Que c’est justement là qu’on reconnait le style. Un style. La matérialisation d’une frontière, qu’il faudrait solidement établir afin que procède la reconaissance mutuelle entre soi et le monde ? La ligne à partir de laquelle on serait vraiment libre, ou la pire des geôles ? Une chose semble sûre : pas de poésie sans horizon à enchanter.