Ne vous arrêtez pas
à l’ombre de ma nuit
Mon énergie déborde
J’ai appris à parler
Pour accomplir vos rêves
Et disposer du monde.
_
Il y a cette profusion
qui complique les choses
Nous n’avons pas le temps
d’apprendre à les connaître
Renommer les cités
par le seul assemblage
qui nous semble tenir
Par le prénom donné
que tu léguas d’un cri
Puis les assimiler
comme tous les jouets
qui pouvaient m’obéir.
_
Mon nom est Alexandre
et je l’ai imposé
dans la plaie des morsures
laissées sur mon passage.
_
J’ai conquis chaque terre
et je vous ai soumis
jusqu’à l’adoration.
_
Qui, mon ami
qui a osé
te faire tomber malade
Et me porter atteinte ?
_
Tu auras préféré
aller te divertir
plutôt que le veiller
Tu n’as pas su trouver
les paroles utiles
Celles qui auraient usées
de leur émerveillement
pour imposer une suite
Tu seras crucifié
jusqu’à ce que ton sang
vienne nourrir le sol
où il demeurera.
_
N’attendez plus de moi
ce que je vais vous faire
Même les mots ont pris peur
et se sont réfugiés.
_
Je ne mangerai plus
Que chacune des larmes
déversées sur ton corps
poursuive l’abandon
Que tu prennes encore part.
_
Tondre chaque crinière
abattre les remparts
éteindre les musiques
Sacrifier tous vos hommes
et brûler vos cités
afin de vous punir
de m’avoir réveillé.
_
Aucune descendance
pour récolter les fruits
de nos milles conquêtes
Et les limites creuses
qui visitent les nuits
Oui, encore des terres
encore des cours d’eau
des cités insoumises
Mais
plus de chant
Mais
s’être rendu compte
Qu’un autre.
_
Agiter l’horizon
S’apercevoir ainsi
que l’on bougeait
à peine
L’accepter.
Rien ne porte
Rien ne presse
Mais ça va.
Il y a ces paroles
enrobées de silences
On ne sait pas très bien
s’il faut les répéter
On ne sait plus
très bien.
Rester indivisible
pour imploser la roche
Avoir assez de force
pour énoncer le mot
inventé ce matin
pour résoudre le monde
Qu’il nous prenne par surprise
et qu’il nous recommence
Et cette présence
autour.
_
Seule me reste l’ambition
de prendre du plaisir
dans cette gorgée d’eau.
_
Il ne reste qu’un espace
en moi
à conquérir
Et j’ai besoin d’un autre.
_
EPILOGUE
Pas un lieu
pas un temps
Mais rester disponible
pour accueillir le lien
à notre extrémité
Pour ajouter tout bas
au tourbillon du monde
le bonheur d’une vie
sans qu’elle nous appartienne
J’abdique d’une ambition
pour dépasser le ciel.
FIN