Afin d’éviter les atroces dérives des crimes en tous genres, le pouvoir Δ avait eu le courage politique nécessaire de braver son opinion la plus conservatrice. Tant qu’à faire, il s’était attaqué à la plus grande des perversions de ces trop faibles citoyens : l’homicide. Le décret, promulgué le 16 Slackmidor 2178, instaurait enfin une procédure de demande d’assassinat (heureusement disponible en ligne, en toute indiscrétion).
Il suffisait de remplir le formulaire LTK007 ( subtil clin d’œil à la tradition culturelle occidentale la plus noble) en mentionnant nom, adresse complète et degré de relation de la personne visée (parent, voisin, collègue, parfait inconnu) et les motivations poussant à la saisie des services. La réponse était garantie dans les 48h, le temps qu’un comité d’assentiment qualifié donne son avis, protégeant ainsi le demandeur de toute poursuite judiciaire ultérieure (une erreur est si vite arrivée.)
Il n’y avait ensuite plus qu’à attendre patiemment que les agents territoriaux viennent effectuer l’assassinat, dans le respect total des normes sanitaires, et en utilisant des produits 100% bio (poison d’origine naturelle, balle en granit rose, corde de lin tressé à la main). Un récépissé, délivré dans la semaine suivant l’intervention, étant envoyé (avec une boite de chocolat) afin de clore sans bavure chaque dossier.
À peine le décret fût-il publié, que le comité inter-espèces humano-moustique (CIEHM) lança une pétition pour demander l’encadrement de l’assassinat des moustique par un dispositif similaire.