Cahier Livres&idées du quotidien La Croix, 29 octobre 2009
Comte de Lautréamont. Dès son pseudonyme, emprunté au noble héros d’un roman d’Eugène Sue, Isidore Ducasse met au défi son lecteur. L’auteur des Chants de Maldoror s’amuse avec lui, le perd dans un immense univers d’images surgissantes. Un jeu qui annonce par avance ceux des surréalistes. Pour en distinguer les règles et tenter la confrontation, cette nouvelle édition de la Pléiade sait qu’un rigoureux appareil critique, même modernisé, n’est pas un atout suffisant. Dans une astucieuse dispersion du regard, le volume propose donc en complément les diverses lectures que l’œuvre a suscitées depuis sa parution : Breton, Aragon, Camus, Gracq, Le Clézio, Sollers… Si on a pu parler de « cas Lautréamont », ces textes démontrent bien qu’il n’y a pas de « cas ». Il y a juste des mots, drôles, ravageurs et cruels. Ces mots simples à l’extrême qui font la poésie. S.B
Lautréamont, œuvres complètes, édition établie par Jean-Luc Steinmetz. Coll. Bibliothèque de la Pléiade, ed. Gallimard, 848 pp. 35 euros (jusqu’au 31 décembre 2009).