Ici, les mousses n’ont pas d’importance. Personne ne s’arrête lorsqu’elles investissent un mur, un tronc, la tuile d’un toit ou l’humus des forêts. Personne ne remarque lorsqu’elles disparaissent. Dites à vos amis que vous vous intéressez aux mousses, que vous les contemplez, que vous essayez de les reconnaitre et d’apprendre leurs noms, ils se moqueront gentiment de vous. Ils auront tort.
Végétaux sans racines dont les spores infimes font confiance à la brise pour guider leur destin, plus de 25 000 sortes de mousses peuplent la terre. Elles vivent au rythme des pluies et de l’humidité et se déploient, tranquilles, d’une respiration. Elles forment toutes ensembles un tapis de verdure produisant oxygène en toutes saisons, héritage du temps et signe que le sol peut encore accueillir. Sous chacun de nos pas, les mousses sont ce miracle renfermant l’univers et que nous refusons.
Au Japon, l’on crée des paysages de mousses, les kokebonkei. Compositions minuscules mêlant de la terre, des bryophytes, et de la roche sous forme de pierres et de graviers. Des microcosmes complets et minuscules. Un geste créateur pour enrichir le monde d’un poème vivant.