Dans une belle chronique publiée dans La Croix du samedi 7 décembre, Bruno Frappat s’interroge sur la position d’observateur-chroniqueur qu’il tient : « Où se mettre pour n’être ni trop loin, ni trop près ? Où se nicher pour n’apparaître ni englué dans l’anecdote, ni indifférent aux souffrances et aux soucis de ses contemporains ? Après des décennies d’exercice, risquons un aveu : on n’en sait toujours rien ! L’Aventin est glacial (surtout l’hiver !). Le désert est surchauffé (et, de plus, dangereux). Les autres planètes sont inaccessibles. Le chez-soi est trop douillet. L’hôpital est triste par destination. Le cimetière est mutique. L’au-delà, c’est pour plus tard. La rue est tonitruante. Le système médiatique est vain. La politique est souvent ridicule (cf. UMP, avec ou sans « R »). La géopolitique est désastreuse. Verts, roses, bleus : ils nous inspireraient trop de sarcasmes. Où, Seigneur ? À l’aide ! Vivement Noël… »
L’aveu résonne. Avec cette impression que le flux n’entraîne plus à comprendre. Que les informations se succèdent trop vite pour prendre le pouls du monde. Pour se sentir vivant avec nos semblables. Il est temps de réduire. La vitesse, les images et les mots. Une décroissance utile afin de reprendre goût en choisissant les termes. Et leur laisser l’espace, et leur laisser le blanc. Qu’ils chuchotent à l’oreille.