« Je voulais me résoudre. J’ai trouvé les symboles. »
Plus je creuse, plus je m’emploi à imaginer une poésie osant aborder les terres qui m’appellent mais auxquelles je résiste encore par frilosité ou étonnement trop fort et plus les mots qu’elle contient acceuillent un ensemble de formes, de couleurs, de chiffres et de vivants qui formulent ensemble le grand livre muet du monde. Elle joue alors le rôle de l’ermite du tarot, précédant de sa lanterne l’exploration d’un paysage fait de rêves et de forces, de monstres de l’enfance et de joies de vieillard. Faisant, comme pour la première fois, résonner une parole dans ce silence tendu d’avant l’épiphanie.
Un monde imaginal jamais fixe, dont chaque élément, pourvu qu’on le convoque et l’acceuille en intimité, offre en retour une résonance qui amplifie la vie. Qui colore l’expérience d’un vernis d’aventure. Qui renforce notre capacité à être et plus sensible et plus assuré. Loin des querelles et des tourments qui divisent sans cesse. Quelque soit le recoin de la mémoire des hommes dans lequel j’en trouve trace active (religion, folklore, musique, architecture ou pop culture) j’apporte, avec moi, ce qui pourra, d’une étincelle et dans l’instant, le compléter. C’est une joie comparable à celle de retrouver un ami perdu de vue depuis longtemps, mais qui était toujours là pour nous et n’attendait qu’une chose : qu’on le rejoigne. Par le poème en quelque sorte sacralisé, retournant, lui aussi, à sa condition d’exercice premier.
Le symbole, ainsi activé par notre présence qui constitue en réalité la substance unique de sa part manquante, permet, d’une voie rapide, l’accès à ce point originaire que nous tous recherchons, parfois sans le savoir. Il est l’ami, à disposition foissonnante, légué par celles et ceux qui nous ont précédé, qui nous guidera à l’extérieur de la forêt profonde. Au coeur de la mémoire.