Un poème, l’idée d’un poème, c’est souvent un seul mot. Un mot qu’on ne trouve pas tout de suite. Un mot autour duquel. Un mot autour duquel on tourne. Pour dissiper les brumes. Jusqu’à l’épuisement. Jusqu’à éliminer tous les mots autour, qui le cache. L’armée d’approximations, d’idées vaguement semblables, de synonymes, de faux désirs, de mauvaises certitudes. Se coltiner chaque contradiction qui se place en obstacle. Comprendre l’adversaire, ses besoins, ses ressources, ses faiblesses. Estimer les alliances conclues. S’estimer. Cibler juste. Le cerner. Le prendre au piège. Seul. Vidé. Le vider de ses sens. Voir s’il résiste. Voir s’il laisse passer. Après des jours de siège, la fortification cède. Tout découle. Tout s’imbrique. Tout se résout. D’un simple mot. Qui trainait là. Lumineux.