Que devient l’art, que devient la poésie, que devient le concret, quand tout se liquéfie ? Quand les relations, les valeurs, la matérialité se transforment en impulsions stockées dans des serveurs à des milliers de kilomètres de là. De là où nous parlons. Où nous tentons de produire quelque chose. De durable. De valeur. De dur. Mais non. Fluxus. Alors inventer autre chose. Une autre manière d’envisager l’original. Des œuvres reproductibles à l’infini, faites du matériel le plus commun. Non plus la toile, l’acrylique, le pastel, mais un nouveau fichier>texte et une police de caractère élégante, lisible, identifiable par tous. Pas peur. Art access, accessible : l’Helvetica Neue. Symbole de conformité, d’uniformité, assimilé avec un humour relatif par le designer Erik Spiekermann, fondateur de United Designers à Berlin, « à une armée de soldats nazis marchant en rangs serrés ». Uniformité et norme de ce monde made with GAFA, à une époque où l’intelligence artificielle et l’Internet des objets commencent à peine à poindre. Où nous aurons bientôt tous besoin d’art. D’un art reproductible, libérateur, comme un mantra. Un art si normé qu’il en sera subversif 1.0, jouera avec les codes à en faire perdre la raison à aimer:algorithme. Ce n’est que le début de l’artichaut. Dada !