Traverser son désert, c’est suspendre le cours de nos activités. S’accorder, comme un présent, un temps libre. Libre de nos injonctions quotidiennes, de nos obligations de réponse, de tout ce qui pourrait nous faire douter du cours. Suspendre et entrer dans cet espace immobile et silencieux, agréable et chaleureux, du désert intérieur. Qu’y faire ? Peu importe. Qu’y penser ? On verra bien. Qui ou que supprimer ? Détournons le regard en fermant les paupières. Il ne s’agit pas de ça ici. Cette aventure, car c’est bien d’une aventure qui est proposée, n’a besoin d’aucune préparation, d’aucun passeport, d’aucun bagage. Car cette aventure est préparation. Ce silence est bagage. Cette immobilité figure toutes les routes. Il suffit juste de prendre le temps de se poser. Si simple mais si inhabituel que nous avons un mal fou à passer de l’idée à la mise en pratique. Le poème pourrait ici faire figure de commutateur. D’un mot. D’une étincelle.