Argün, encore étourdi, reste figé
demande à ses membres
d’envoyer une réponse
fourmis dans les jambes
C’est bon
Juste supporter la légère douleur
ne surtout pas bouger
et attendre quelques nudaa
qu’elles passent
Labawi joue encore quelques notes
pour ne pas froisser le vent
S’interrompt
– J’ai donc un message à te transmettre.
– Un message ? Mais de qui ?
– De quelqu’un qui se soucie
de toi
de nous
– Hein ? Mais que veux-tu dire ?
– Tu dois la rejoindre, continue l’Elfe, ignorant le trouble d’Argün. Elle t’attend à la confluence des fleuves Alzaybiq et Ahmar jusqu’au le prochain alkhamis
– Le prochain alkhamis ? Mais il y a au moins 200 kilums jusqu’à là-bas ! Et pourquoi faudrait-il que je vous écoute ? Vous m’avez drogué. Je n’ai aucune raison de vous suivre…
– Tu as tout à fait raison Argün, reprit l’elfe. Il n’y aucune raison. Aussi vrai que 3 et 3 font six. Sauf s’ils s’anéantissent. Mais j’ai autre chose pour toi…
Labawi sort de sa poche un petit objet de métal
Laisse tomber le pendentif
retenu entre ses doigts
par une fine chaîne d’argent
Les yeux d’Argün s’enflamment
frisson dans tout le corps
– Rends-moi ça ! crie-t-il avec rage.
Rends-moi ça, voleur !
Ce bijou
l’emblème des jours heureux
que sa mère portait au cou
jusqu’au dernier regard
Ce bijou
collé contre sa joue
lors des étreintes tendres
entre ses bras
Ce bijou
en lapis-lazuli
tutoyant le soleil
Scarabée sacré, posé sur la zone du cœur
Comment était-il arrivé
dans les mains de cet inconnu ?
Argün bondit comme un fennec
saute sur le rocher
grimpe tel un lézard jusqu’au niveau de l’elfe
le saisit par le col.
Surpris par le vivacité du jeune garçon, Labawi n’a pas le temps d’esquiver.
Les deux êtres roulent ensemble sur le sable brûlant.
Aucun grain
cette fois
ne pourra engloutir
son souvenir.