Tu me questionnes
sur les premiers poils au bord de tes lèvres
sur ta voix qui déraille lorsque tu supportes le match
sur ces boutons qui soudain bourgeonnent
Et je te dis
que c’est normal
Tu essayes
de voir si je réponds à tes vannes qui me chambrent
aux faux coups de kung-fu après Karaté Kid
à l’énonciation juste de mes incohérences
Et je te dis
que c’est normal
Tu m’envoies
vingt messages avec ton tout premier portable
me prends la main dans la rue en marchant
m’enlaces le matin, bondissant comme Tigrou, en me disant bonjour
Et je me dis
que j’aimerais
que ça reste toujours normal.
Poème paru dans l’anthologie 15 – Service d’Aide aux Mots Universels (ed. Bruno Doucey, 2025)