Chers amis, chers lectrices et lecteurs,

En ce premier jour de 2012, une petite rétrospective poétique des douze mois écoulés. L’occasion de vous souhaiter à tous une très bonne année, pleine de découvertes et de ces petits bonheurs qui enchantent la vie.

Stéphane Bataillon

海龜 (janvier)

On aperçoit des mots
descendre par la plage

Nous n’avons plus besoin
des carapaces gravées

Et les tortues sourient.

 

L’accord (février)

Tu rêves d’une musique

Et le noir de la terre
se confond à la nuit
pour mieux masquer tes larmes.

 

Suffisance (mars)

Tu veux creuser le mot
jusqu’à l’acharnement

Refusant de suspendre
au mystère des effluves

Comme le vieux parfumeur
qui ne croit plus en lui.

 

Début (avril)

C’est le dernier poème
d’une première vie

Tout, déjà, nous bascule
derrière cette réponse

Comme la confirmation
d’une chance et d’un sourire

Le monde s’est ébranlé
pour faire place au soleil

L’espérance se rapproche.

 

Chercheur (mai)

Préparer lentement
la carte d’aventure

Continuer à créer
des mondes irresponsables.

 

Écorces lentes (juin)

Le cri des arbres tonnent
dans les cales insalubres

Remonter sur le pont
affronter la tempête
et les mener au port

L’inscription d’un seul signe
les feront respirer

Être utile
de nouveau.

 

Architectes (juillet)

Il n’y a plus d’urgence
à occuper l’espace

Juste prendre soin du temps.

 

Pour que circule le monde (août)

Tu ne liras jamais les centaines de livres collectionnés pour toi. Pour cette image de moi, projetée juste au loin, dans l’œil d’un rêve d’enfant au regard identique.

Tu ne liras jamais les mille aventures découvertes aux détours et ces milliers de pages scrutées par la vigie. Je me suis séparé de ces traces évidentes.  J’ai effacé la carte du monde de mes joies pour te laisser l’usage des frissons du chemin.

Je t’offre cet espace que tu sauras remplir, de tes rêves, de tes craintes, et de tes obsessions.  Et je me retrouve libre. Et nous venons tout juste de te sentir bouger.

 

La confiance (septembre)

C’est ce chant inlassable
qui confondait les heures

Les obscurités chaudes
de nos racines d’enfant.

 

Promesse (octobre)

Je ne te ferai pas
porter le poids du monde

Enfin, j’essayerai.

Ton sourire m’aidera.

 

Condition (novembre)

Ne jamais apparaître
complètement heureux

Ne pas froisser les dieux
une seconde fois

Mais en sourire quand même.

 

Thomas (décembre)

Et toi qui apparais

Qui embrases le monde
d’un seul doigt-allumette.

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