Chaque Instapoème est constitué d’une photo Instagram par @MrFreakz donnant lieu à un poème inédit, comme un double regard sur la réalité du monde, et de son enchantement.
Saison 1 (2011)
#1 : Découvrir
Peut-être y aller voir
Plus clair
derrière le clair
Juste tendre le bras.
#2 : Cadre
Saisir nos envols
Discerner le mouvement
qui joue à l’intérieur.
#3 : basse-fosse
Une eau noire de sang
a pris d’assaut la masse
en retournant les rôles
Les gardes-fous déchantent
dans la salle du banquet.
#4 : Les géants
Quelles sont les intentions
de ceux qui ont grandi ?
Passer sans faire de bruits
et se recroqueviller ?
Emprunter d’autres voies
entre les tourbillons ?
Le vent indiquera.
#5 : Déphase
Y aura-t-il une parole
trahie par l’air blanc
Lorsque le froid
Entre nous ?
#6 : Jeux
L’état de notre enfance
surpris dans l’embrasure
Mais juste un peu trop loin
pour risquer de distraire.
#7 : Première note
Et la vie qui surplombe
comme un point d’évidence
pour entonner le chant.
#8 : Terre de ciel
Jouer à la marelle
à contresens du point
Préserver le secret
que nous retrouverons.
#9 : Scriptura
Quel mot à déchiffrer
dans l’interstice du ciel ?
#10 : le Ballon rouge
Qui sommes-nous devenus
entre les points de nos enfances ?
Le théorème a-t-il servi ?
#11 : Méditant
Et le rêve d’un reflet
qui fixe notre force
Qu’elle accepte sans bruit
de rentrer au bercail.
#12 : Rôle
Et la gargouille hurlante
qui recherche sa nuit
Protection apparente.
#13 : Passage
Il a suffi d’un décalage
pour insinuer le labyrinthe
L’œil renversé du Minotaure.
#14 : Convergence
Une route et un canal
Sembler savoir
où cela mène.
#15 : Chut
La ville qui intime
un secret gigantesque
pour donner au chemin
la chance du détail.
#16 : Bifurcation 7
On demande d’abord
que cela soit rapide
Pour un jour ralentir
la marche de nos pas
Que tu puisses nous suivre
Qu’à ton tour tu t’empresses.
#17 : Diagonale
Avoir juste le temps
de jeter un coup d’œil
sur l’espace à remplir
Presque frigorifié.
#18 : Perçu
Bientôt ce sera…
fini.
C’est drôle
On ne compte plus le temps
Comme si l’échéance
avait rapetissé.
#19 : le souvenir
S’arrêter pour fixer
l’image sur nos rétines
Décider qu’elle sera
témoignage de l’enfance
Qu’on la protègera
des autres effondrements
Il y a longtemps déjà.
#20 : Préparatifs
L’inquiétude recouvre
les cultures passagères
L’enfant reste à attendre
posté sur un caillou.
#21 : Jure
La nuit n’atteindra pas
le secret échangé
à la vie, à la mort.
#22 : Regards
Indiquer le chemin
en s’échouant à terre
Léguer le mouvement
à fleur de nervure.
#23 : Inverse
L’eau ne change pas de cap
Soutient
la contorsion des pierres.
#24 : Reset
Attendre que le fer fonde
que le verre se brise
et que le ciel se couvre
Pour tout reprendre
D’un fil.
Saison 2 (2013)
#25
Tendue vers le ciel
lorsque les autres renoncent
la flaque de pluie.
#26
S’imaginer puce
participant d’un monde
microprocesseur.
#27
Hier, une chauve-souris
nous persuadait de l’ombre
Et de s’y sentir bien.
#28
On se retourne
pour prendre des nouvelles
à l’amplitude des pluies
Des voix persistent.
#29
La reine de cœur
a fendu les yeux
qui t’admiraient.
#30
Sortir l’appareil
pour prendre possession
de l’instant infini
Être presque assuré
d’y gagner quelque chose.
#31
Quels rêves derrière ce mur
ou ce rideau de soie ?
#32
S’accroupir
Concentrer l’encre
Tracer la lumière.
#33
Au bout de la page
savourer l’interstice.
#34
Obsédé par ton pas
l’ombre, elle aussi
superflue.
#35
Savoir que ces paroles
ne nous engagerons pas.
La fuite est programmée.
#36
Derrière vos tumultes
d’un mot
j’écouterai.
B.o.i (bande originale de l’instapoème) : Begin the end – Placebo – 2013
#37
Chercher à emprunter
des pistes reconnaissables
Demeurer insoumis.
#38
Se créer un totem
sans le souci du sens
que l’on pourra donner aux routes entreprises.
#39
Renverser l’horizon
pour octroyer aux feuilles
une seconde chance.
#40
On s’écorche le bout
du parchemin secret
pour une flaque d’aventure
Trouble d’un pas.
#41
Prendre conscience, d’une fraîcheur, de l’urgence désormais à prendre soin de la vie.
4 Commentaires
Superbes réalisations. Les photos sont des poèmes et les poèmes sont des instantanés… L’émotion saisie est saisissante. Ces deux mots « j’aime beaucoup ». LB.
Forte intensité du noir et blanc et audace des cadrages. Une saisissante vision de la fragilité du temps. Dévoilement, chuchotement… C’est très beau.
« Qui sommes-nous devenus
entre les points de nos enfances? »
Nous sommes
Semaison :
« dispersion naturelle des graines d’une plante »
selon Littré
et Philippe Jaccottet
Nous sommes
Poésie :
» Transaction secrète
Une voix répondant à une autre voix »
écrit Virginia Woolf
Sous les photos de l’Instant
Quelques secondes d’Éternité
dans l’Inachevé
ça me parle, ça me touche.