UPPLR #243 (Voix vives 3/6) : Entends, par Eva Cassagnet

Entends le chant des vieilles pierres
Quand le soir se lève le vent du sud
Et fait tournoyer au sol les feuilles.

Écoute les murmures de protestation des temps passés
Qui s’élevèrent contre tout ce mauvais sort
D’être nés pauvres et enchaînés.

Regarde le soleil qui veut pointer
Pour nous montrer le chemin hors de la brume
Et nous mener tout droit vers la liberté.

Éparpille le silence qui depuis mille ans
Enferme des peuples dans les griffes d’un carcan,
Étourdis par la vieille tromperie souveraine.

Dis au monde ton envie d’avancer
Et, à voix haute et claire, celle de parler
Et à voix claire et haute, celle de crier.

Cela dans la langue que tu as choisie,
Ou peut-être celle qui t’a choisie et te porte
Et qui fait celui que tu es aujourd’hui.

Empli de liberté et de fierté
Au beau milieu du tumulte de la vie
Continuant le combat sans cesse.

Eva Cassagnet
Traduit de l’occitan par l’autrice.

Voix Vives, de Méditerranée en Méditerranée. Anthologie Sète 2024, Éditions Bruno Doucey, 224 p., 20 €

L’été est souvent propice à la pause, à la contemplation de ces paysages effacée par la trop grande frénésie de nos vies. Un temps de pause et de méditation pour se remettre à l’écoute. Ce qui arrive alors, ce qui revient ou remonte, n’est pas seulement paisible, mais redit l’essentiel. Cette « vie vivante » à habiter. Née en 1982, Eva Cassagnet est Bigourdane et réside dans le Béarn. Professeure des écoles en occitan, autrice et illustratrice (albums de jeunesse, contes, nouvelles, romans, poésie) mais aussi scénariste et réalisatrice (courts-métrages de fiction, programmes jeunesse, séries), elle présente des émissions sur la chaîne de télévision Octele. L’écriture et la création en occitan font partie de son quotidien depuis l’enfance. Parmi ses dernières publications, plusieurs ouvrages sont d’ailleurs destinés à la jeunesse : L’ors e las sasons (Reclams, 2024), Paraulinas (Reclams, 2023), D’ont venon les estelas (Ieo Ideco, 2017). Pour de nouvelles paroles qui, au fil des étés, sauront rappeler ce qui compte.

Stéphane Bataillon
(Initialement paru dans La Croix l’hebdo n°243)