Il y a donc des chants
Sans mots,
D’immenses chants
Comme le silence
De palais cousus d’or.
Un désir sans âge, sans bruit,
Crée des formes
Qui frémissent au seul regard.
C’est depuis l’hiver 1922.
On voit passer sur le mur
Un divan rose,
Des magnolias, des fruits,
Un tissu vert à rayures,
Un tambourin,
De la sueur d’été.
Ah ! Donnez-moi encore
Ces pigments,
Ces danses immobiles,
Cette chair
Qui chante en silence.
Eric Sarner
Voix Vives, de Méditerranée en Méditerranée. Anthologie Sète 2024,Éditions Bruno Doucey, 224 p., 20 €
Dernière escale de notre voyage d’été au fil des poésies de la Méditerranée. Un bouquet d’images et de mots, en compagnie des Odalisques de Matisse. Il nous est offert par Éric Sarner, né en Algérie en 1943, qui aime à se définir comme un « voyageur chroniqueur ». Il a récemment publié Sugar et autres poèmes dans la collection Poésie/Gallimard, ainsi que de nombreux livres d’artiste. Également documentariste, il a signé une vingtaine de films dans les domaines de la culture et du voyage. Il est également l’auteur d’un ciné poème, Le Ravissement de Palmyre (2015). En 2023, paraissent : 99 CODAS (La rumeur libre) et une traduction en français de La Tempête de William Shakespeare (Éd. Les Belles Lettres). En 2024, il reçoit le Grand prix de poésie Robert-Ganzo 2024 pour l’ensemble de son œuvre.
(Initialement paru dans La Croix l’hebdo n°246 du 23 août 2024)