Je n’ai pas tant cherché à imiter les oiseaux au chant musical,
Je me suis abandonné aux envolées, aux grands cercles.
Le faucon, la mouette m’ont obsédé bien davantage que le canari ou l’oiseau moqueur,
Je n’ai pas eu envie de gazouiller ni de triller, si doucement que ce soit,
J’ai eu envie de m’élancer libre, de toute ma force, ma joie et ma volonté.
Walt Whitman
Échos du grand âge, Traduit de l’anglais (États-Unis) par Thierry Gillyboeuf, édition bilingue,
Éditions Unes, 96 p., 20 €
Dans ces Échos du grand âge, l’immense figure de la poésie américaine Walt Whitman, né en 1819, marque sur la page ses dernières images. Les quelques « traces écrites » qu’il désire laisser dans une poignée de poèmes écrits entre 1873 et sa mort en 1892. Il revient sur l’importance des sensations, du mystère, de « l’amour infini ». Cette nouvelle traduction propose en regard des textes plus anciens, écrits dès 1872, ébauches du chef-d’œuvre de l’auteur, le recueil Feuilles d’herbes. Il y magnifie la nature américaine, cette « Terre de la foi sans précédent ». Au fil des saisons, parcourant les forêts de sapins du Maine ou les prairies de l’Illinois, il achève sa course et sa contemplation en nous transmettant une ultime feuille, non plus d’herbe mais de route : « Dans ce Divin Navire qu’est le Monde, affrontant le Temps et l’Espace,/Que tous les Peuple du globe voguent ensemble, fassent le même voyage, soient liés par la même destination. » Une utopie à faire notre, sans attendre.
Stéphane Bataillon
(Article initialement paru dans La Croix l’hebdo n°249 du 13 septembre 2024)