J’éteins les dernières lumières
la nuit s’allume
je rejoins le lit à tâtons
m’assois sans faire de bruit
elle dort déjà
elle respire
comme un ange fatigué
un ange qui a trop donné
je me glisse sous les draps
il s’agit de frôler sa chaleur
sans risquer de la réveiller
on ne réveille pas
un ange fatigué
Thomas Vinau
Juste après la pluie, Poésie Points, 284 p., 8,50 €
Écoutez ce poème (lecture Stéphane Bataillon) :
Thomas Vinau amasse des poèmes comme on amasse, enfant, des petits cailloux. Des collisions de termes, de tons, d’éléments et d’émotions de son quotidien qui créent des étincelles. Elles ne sont pas destinées à entretenir le feu de grandes élégies, sont souvent diffusées sur les réseaux sociaux et témoignent discrètement d’un art du poème minuscule. « Je ne chante pas le monde, je le chuchote, écrit-il dans sa postface. Le poème est ce pain qui se coupe à la main lorsque l’on a très faim. Je vous donne mon gâteau de miettes. » Un partage d’enthousiasmes qui, avec humour, légèreté et tendresse, assèche les flaques de nuit.
Stéphane Bataillon
(Initialement paru dans La Croix l’hebdo n°99 du 17 septembre 2021)